Préface
C’est avec un vif intérêt que j’ai lu cette Histoire des méthodologies de l’enseignement du français en Chine. Je tiens d’abord à féliciter Madame Xu Yan d’avoir accompli d’une manière remarquable cet ouvrage de grande envergure à partir de sa thèse en cotutelle conjointement dirigée par Monsieur le Professeur Jean-Pierre Cuq à l’Université de Nice en France et Monsieur le Professeur Fu Rong à l’Université des Langues étrangères de Beijing, et brillamment soutenue en 2014. En effet, ce qu’elle nous présente, c’est une recherche non seulement diachronique qui retrace le passé de notre E/A du FLE en Chine depuis son origine jusqu’à aujourd’hui (1850-2010), mais aussi globale qui couvre un éventail de la didactique des langues en général et de la didactique du FLE en particulier, du milieu instituant et institué au sujet apprenant et enseignant en passant par l’objet langue-culture.
Je m’intéresse d’autant plus à ce travail qu’il a très bien résumé les précieuses pratiques pédagogiques du FLE de nos devanciers, longtemps méconnues pourtant renfermant la quintessence de la pensée didactique chinoise. C’est à ma connaissance la première étude aussi sérieuse et complète de l’évolution didactique de l’E/A du français en Chine, et de ce point de vue, elle comble une importante lacune dans la didactique chinoise du français langue étrangère. En plus de 400 pages, l’auteur a su nous décrire, analyser et interpréter d’une manière rigoureuse et professionnelle le mécanisme dynamique interne et externe de l’évolution des méthodologies de l’E/A du FLE en Chine, ainsi que leurs spécificités pour nous faire découvrir « d’où venons-nous » et nous interroger sur la question de savoir « où allons-nous ». D’ailleurs, cette recherche est pour moi revêtue d’une valeur pratique. En effet, l’auteure a eu soin de mettre, à la disposition d’autres chercheurs susceptibles d’être intéressés dans des secteurs circonvoisins du sien, un document de référence extrêment riche, copieux et solide, comportant des notes informationnelles et explicatives judicieusement choisies et pertinemment écrites, et une bibliographie générale composée de plus de 200 entrées référentielles touchant à une étendue de disciplines.
Force est cependant de souligner que ce n’est pas un ouvrage sans défaut comme tant d’autres. Je pense ici en particulier à sa conclusion générale qui aurait dû donner quelques propositions théoriques et concrètes du moins à la didactique chinoise du FLE en construction. En outre, si l’ouvrage est incontestablement riche en références historiques qui sont précieuses, solides et confiantes, il n’en est pas moins regrettable qu’il n’ait pas pu apporter davantage de critiques approfondies.
De tout ce qui est dit dans les lignes précédentes, je ne puis que donner mon approbation la plus entière aux efforts que l’auteure a consentis pour dresser cet excellent bilan du passé de notre oeuvre de l’enseignement du français. Je veux bien donc croire que cette Histoire vienne enrichir l’histoire chinoise de la didactique des langues étrangères en général et de la didactique du FLE en particulier, qu’elle pourra contribuer au développement des études réflexives liées à ce beau métier, et qu’elle fera l’objet d’une lecture bénéfique par nos collègues du domaine.
Bonne lecture.
Cao Deming
Le 25 mars 2015 à Shanghai